25/11/2025

Population de Bourgogne-Franche-Comté : Comprendre les évolutions régionales pour agir

État des lieux : une région en transition démographique

La Bourgogne-Franche-Comté (BFC) compte aujourd’hui environ 2,78 millions d’habitants (source : INSEE, 2021). Sur les dix dernières années, la région a vu sa population globale stagner, voire diminuer légèrement, contrairement à d’autres régions de France métropolitaine qui restent dynamiques. Ce constat masque toutefois des réalités très diverses, du nord du Jura jusqu’aux zones rurales de la Nièvre.

Au national, la croissance démographique ralentit partout, mais la BFC se distingue par une faible augmentation ou une érosion de la population sur les derniers recensements. Le solde naturel (différence entre naissances et décès) y est désormais négatif, tandis que le solde migratoire (différence entre arrivées et départs) ne suffit plus à compenser l’écart.

Localement, quelles dynamiques ? Départements, territoires et population

Concrètement, pour la BFC, la démographie évolue de manière contrastée selon les départements :

  • Saône-et-Loire : Déclin marqué sur plusieurs communes rurales. La population a baissé d’environ 1,1% entre 2014 et 2021 (INSEE).
  • Nièvre, Haute-Saône, Territoire de Belfort : Ces trois départements enregistrent une baisse continue du nombre d’habitants. La Nièvre, en particulier, perd plus de 0,8% par an depuis 2014.
  • Côte-d’Or, Doubs, Jura, Yonne : Situations variables. Dijon et Besançon continuent d’attirer, portées par leur attractivité universitaire et économique, mais l’essentiel de la croissance se concentre dans les pôles urbains, masquant un recul dans certaines zones périphériques.

Ce que l’on observe dans la région : le vieillissement démographique s’accélère, avec une moyenne d’âge autour de 44,5 ans, soit 3 ans de plus que la moyenne nationale. Près d’un quart (24%) de la population régionale a plus de 65 ans.

Pourquoi ces évolutions ? Facteurs de la dynamique démographique régionale

La démographie de la Bourgogne-Franche-Comté souffre surtout :

  • Faible natalité : Taux de natalité de 8,5 pour 1 000 habitants, l’un des plus bas de France (moyenne nationale : 10,5).
  • Départs des jeunes : L’équipe observe des départs fréquents après le lycée ou les études supérieures. Le solde migratoire des 18-30 ans est négatif, notamment dans la Nièvre ou l’Yonne.
  • Vieillissement : Les générations nombreuses du baby boom arrivent à l’âge de la retraite, renforçant la part des seniors.
  • Difficultés d’attractivité : Certaines zones rurales peinent à attirer de nouveaux habitants ou à retenir des familles, en raison d’un accès limité à l’emploi, la santé ou certains services publics.

À surveiller dans les prochains mois : l’évolution des grandes filières économiques (industrie, logicistique, secteur médico-social) jouera un rôle majeur. Les fermetures de services (santé, écoles) accélèrent la spirale démographique négative dans certains bassins.

Impact population-santé : ce que cela implique concrètement sur le terrain

Les évolutions démographiques ont un impact direct sur la santé publique et l’organisation des soins. Plusieurs points d’attention se dessinent pour la BFC :

  • Adaptation des services hospitaliers et médico-sociaux : Avec plus d’1 habitant sur 4 âgé de 65 ans et plus dans la Nièvre ou la Haute-Saône, la pression sur les filières gériatriques et EHPAD augmente. Les parcours de soins complexes (polypathologies, mobilité réduite) deviennent la norme.
  • Densité des professionnels de santé : La diminution de population dans certaines zones s’accompagne d’une baisse des installations médicales. 27% des généralistes de la région ont aujourd’hui plus de 60 ans (source : Ordre National des Médecins, 2023), posant la question du renouvellement.
  • Prévention et inégalités de santé : Les zones rurales et les petites villes en décroissance présentent souvent des indicateurs de santé plus défavorables : surmortalité prématurée, moindres dépistages, moindre recours aux soins préventifs.
  • Besoin accru en accompagnement social et mobilité : La diminution de l’offre (transports, commerces, associations) complexifie le maintien à domicile des personnes âgées et fragilise la cohésion sociale.

Ce que cela implique pour les acteurs de santé et collectivités locales : renforcer le lien entre santé, mobilité, logements adaptés et inclusion des personnes âgées devient central.

Jeunes, familles, nouveaux arrivants : fragments de parcours en BFC

Si la tendance globale est au vieillissement et à la stagnation, il existe des contre-exemples locaux :

  • Certains territoires autour de Dijon, Dole ou dans le Pays de Montbéliard gagnent des habitants grâce à l’accueil de familles travaillant dans les grandes villes, mais vivant en périurbain.
  • La BFC accueille chaque année plusieurs milliers d’étudiants, mais beaucoup repartent après leur diplôme, faute de perspectives stables sur place. À Dijon, seul 1/3 des étudiants issus de l’Université de Bourgogne restent dans le département cinq ans après la fin de leurs études (INSEE, enquête jeunes diplômés, 2022).
  • L’immigration internationale reste stable mais limitée, représentant environ 6% de la population totale, avec un apport concentré dans les bassins urbains.

À retenir : les trajectoires résidentielles sont devenues plus variées et moins prévisibles depuis la crise sanitaire, avec un regain d’attractivité pour certains villages “à distance raisonnable” des pôles urbains. Cependant, cela ne suffit pas à inverser les grandes tendances.

Quels enjeux et perspectives pour la Bourgogne-Franche-Comté ?

Face à ces constats, plusieurs défis se posent à court et moyen terme. Pour l’équipe, ils concernent :

  • Le maintien et le développement de l’offre de soins, notamment dans les déserts médicaux (Jura, Nièvre, partie sud de l’Yonne).
  • L’adaptation de l’habitat et du logement pour répondre à la forte progression du vieillissement.
  • La lutte contre l’isolement social, qui touche durement les aînés dans certains territoires ruraux.
  • La mobilisation des collectivités et de l’État pour garantir l’accès aux services essentiels (éducation, transports, prévention santé).
  • L’attractivité professionnelle : attirer et retenir des jeunes actifs et des familles nécessite de travailler sur l’emploi, mais aussi sur la qualité de vie et la valorisation du territoire.

Un exemple concret : la stratégie “Petites villes de demain”, appliquée à des communes comme Autun ou Gray, vise à repenser l’attractivité globale (services, logement, santé, emploi) pour inverser la courbe démographique.

De plus, les inégalités entre territoires se creusent parfois : le revenu médian de Côte-d’Or excède de plus de 3 000 € par an celui de la Nièvre ; le taux de pauvreté des plus de 75 ans varie du simple au double entre le nord du Jura (7%) et le bassin minier de Saône-et-Loire (15%).

Département Évolution population (2014-2021) Moyenne d’âge (2021) Part des +65 ans
Côte-d’Or Stable à +0,2% 43,2 ans 21%
Nièvre -6,3% 48,6 ans 29%
Saône-et-Loire -1,1% 46,9 ans 26%
Doubs +0,6% 42,7 ans 20%
Yonne -1,8% 46,1 ans 25%

Source : INSEE, RP 2021, estimation pour 2023

À surveiller et à partager : indicateurs à suivre pour les prochains mois

Certains indicateurs sont à suivre de près pour les acteurs régionaux, professionnels de santé, décideurs locaux et associations :

  • Répartition des nouveaux arrivants (qui s’installe, où, et pour quelles raisons ?).
  • Solde migratoire des jeunes et évolution du marché de l’emploi local.
  • Densité médicale et vieillissement des professionnels de santé par bassin de vie.
  • Taux de natalité local et accès aux services petite enfance, éléments clefs dans la décision d’installation des familles.
  • Indicateurs d’isolement social et précarité des seniors.

Il s’agit là de données mobilisables, notamment pour mieux cibler les actions de prévention santé, penser les prochaines contractualisations (CPOM médico-social, contractualisations territoriales avec les ARS) et orienter les politiques publiques régionales.

À retenir :
  • La Bourgogne-Franche-Comté est l’une des régions où la baisse de population est la plus rapide, avec un vieillissement accéléré.
  • La répartition territoriale est très inégale : progression autour des agglomérations, perte dans la Nièvre, la Haute-Saône et les zones rurales isolées.
  • Ces évolutions pèsent directement sur la santé publique : offre de soins, prévention, adaptation des services et lutte contre l’isolement.
  • Agir passe par une meilleure coordination locale mais aussi par l’innovation en matière d’habitat, d’emploi et d’attractivité territoriale.
  • Partager ces données, c’est permettre à chaque acteur d’affiner ses priorités et de favoriser une dynamique régionale.

Pour approfondir : INSEE, Figures régionales BFC 2023 | ARS BFC | Observatoire régional de la santé BFC.

À partager dans vos réseaux : chaque acteur gagne à maîtriser ces repères pour penser l’avenir de la santé et du vivre-ensemble en Bourgogne-Franche-Comté.

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